Interview
Qui est Julien Bouron, le plus grand collectionneur de maillots de l’AS Monaco ?
Le record de la plus grande collection de maillots de foot d'un même club a été battu la semaine dernière par un supporter de l'AS Monaco. Pour l'occasion, on a échangé avec Julien Bouron, le neo-recordman.
En fait, je suis originaire de Bourgogne, près d’Auxerre. Mon premier match, c’était Auxerre – Monaco lors de la saison 1999-2000. L’AS Monaco a gagné ce jour-là et est devenu champion de France quelques semaines plus tard. Ce jour-là, j’ai eu un vrai coup de cœur pour Monaco, pas pour Auxerre, et cette passion ne m’a jamais quitté.
De 6 à 12 ans, à Noël, je recevais le maillot domicile et pour mon anniversaire, le maillot extérieur.
Celui de la saison suivante, 2000-2001. À l’époque, j’avais six ans, donc c’était un maillot taille enfant, acheté quelques mois après ce premier match. Je me rappelle qu’on devait acheter les maillots via les catalogues “Footcenter”. C’est comme ça que mes parents me l’avaient trouvé.
Dès le départ, j’étais fan des maillots. Pour moi, ce sont un peu les armures des joueurs. C’était l’époque des Skyblogs sur Internet et je me souviens que j’y voyais des collections de fou qui me faisaient rêver. De 6 à 12 ans, à Noël, je recevais le maillot domicile et pour mon anniversaire, le maillot extérieur. C’était une tradition. À 12 ans, j’avais déjà une dizaine de maillots.
C’est aussi à cet âge que j’ai obtenu mon premier maillot officiel de joueur : Lucas Bernardi me l’a donné après l’avoir porté en Coupe de la Ligue quelques jours plus tôt. C’est un véritable déclic qui m’a fait m’intéresser aux maillots portés, à leur authenticité et leur histoire.

Non, absolument pas. À partir de là, j’ai su que j’étais passionné par les maillots. Parallèlement, je me suis intéressé à l’histoire du club. À 10 ans, mon livre de chevet n’était pas un livre pour enfants, mais l’encyclopédie de l’AS Monaco. Je me passionnais pour des joueurs et des saisons qui datent de bien avant ma génération, et ça surprenait mes amis.
Mon objectif a toujours été de recréer l’histoire du club à travers ces maillots. Chaque pièce raconte un match ou une époque.
C’est un milieu qui paraît très niche, mais il y a énormément de collectionneurs, surtout depuis le retour à la mode des maillots vintage, mais peu durent sur le long terme. Aujourd’hui, mon réseau s’étend sur les quatre coins de la planète, mais je ne collectionne que les maillots de Monaco.
Chacun a sa thématique : certains collectionnent uniquement les maillots domicile d’un club en particulier, d’autres les maillots de coupe, d’une saison particulière ou même d’un titre spécifique. L’important, c’est que chaque collectionneur collectionne pour lui-même, selon ses goûts, sans suivre une règle générale.
Honnêtement, il n’y a pas de logique dans l’acquisition et c’est ce qui rend le processus intéressant.
Non, ça me prendrait trop de temps de faire les comptes (rires). La collection a une valeur sentimentale et monétaire inestimable, mais elle ne se résume pas à de l’argent : c’est 20 ans de travail, de temps et d’investissement pour obtenir des pièces uniques. Je les vois comme des pièces de musée, rien à voir avec le maillot qu’on peut acheter à Decathlon.
Parfois, il y a des maillots très rares qui vont sortir deux fois dans une vie et que vous pourrez trouver sur Leboncoin à 20 €, alors que le maillot vaut cent fois plus. À l’inverse, si un maillot de collection quelconque est rendu public, il y a pas mal de monde dessus, donc la demande est forte et il faut surenchérir. Honnêtement, il n’y a pas de logique dans l’acquisition et c’est ce qui rend le processus intéressant.

Les maillots portés une seule fois sont très intéressants. Par exemple, en 2015-2016, Monaco joue à Angers et doit utiliser son maillot d’entraînement parce que les couleurs ne vont pas. En 2003-2004, les joueurs jouent à Moscou avec un maillot bleu qui est issu de la collection du gardien Flavio Roma. Il y a plein d’histoires comme ça.
Celles que j’aime le plus sont celles des maillots des années 70-80. Par exemple, quand on a joué avec un maillot gris à Berlin. Déjà, le maillot est unique, parce que c’est un maillot qu’on met une seule fois dans l’histoire du club. Mais surtout, on joue à Berlin une semaine avant la destruction du mur, en novembre 1989.
Quand on écoute Arsène Wenger ou Emmanuel Petit raconter ce déplacement… On sent que ça dépasse le cadre du foot. Il y a toute une histoire géopolitique derrière, et c’est aussi ce qui est sympathique dans les maillots.
Pour moi, n’importe quel maillot à la diagonale est magnifique. Beaucoup reprochent à Monaco de ne jamais changer ses maillots, mais au contraire, c’est vraiment une des forces du club sur le plan identitaire.
J’aime aussi les modèles de la fin des années 1980, premiers maillots Nike, avec leurs bandes rétro et le premier logo Nike. C’est une de mes périodes favorites. D’autant plus que c’était la première fois que Nike habillait un club du championnat français, bien avant Paris.
Je n’avais aucune idée du nombre exact de maillots que je possédais et je ne suivais pas les records. J’ai découvert celui d’un supporter de Liverpool par hasard, via des messages de mes amis qui me chambraient. J’ai alors compté mes maillots : 1 146, sans compter les 30 exposés au Stade Louis II.
Pour moi, ce record n’a jamais été un objectif. Je privilégie la qualité : ce sont des maillots portés, authentiques, préparés par les joueurs, pas des maillots boutique ou enfant. La valeur se mesure davantage à l’investissement personnel et au temps passé pour les obtenir. Pas au nombre.
J’ai une pièce dédiée chez mes parents en Bourgogne, classée par année, un véritable petit musée.
L’objectif est de poursuivre la quête de l’histoire du club et d’exposer les maillots au public. Alors peut-être pas les 1 146, mais une sélection. Avec l’AS Monaco, on va exposer 90 pièces cette année. L’année prochaine, peut-être 180, puis 300 l’année d’après. L’objectif à terme serait potentiellement un musée. Dans l’idée, je veux pouvoir rendre cette collection accessible aux amoureux de l’AS Monaco et du football en général.
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