Hansi Flick, l’anti-Koundé par excellence

Remember Columbo ? Héros de la série policière éponyme des années 70 et 80, le lieutenant de la LAPD déjouait les codes en arrêtant les criminels à la fin de chaque épisode, malgré son look total débraillé : pas souvent rasé, les chaussures élimées, en imper usé gris sale, les poches souvent remplies de cigares éteints et conduisant sa légendaire Peugeot 403 décapotable grise claquée. Cette saison 2024-2025, au FC  Barcelone, un autre flic(k), a donné sur le banc sa meilleure version de Columbo…

Dress code strict… mais que pour ses joueurs !

Dans la soirée du 23 novembre 2024, lors du Celta Vigo-Barça (2-2), Hansi Flick, nouveau coach arrivé à l’été, se fait flasher en direct live par les caméras TV : en sueur fébrile, la calvitie mal taillée, pas rasé, plusieurs kilos en trop, long tricot de peau blanc à l’ancienne qui dépasse du polo noir, gros jeans sombre sac de patates avec ourlet blanc retroussé aux chevilles, tennis Nike en deux tons gris brillant-gros lacets blancs… et grattage de couilles ! Aucun signe distinctif du club : pas d’écusson, pas de blau, ni de grana. Flick concourt d’entrée avec l’impayable Maurizio Sarri, dépenaillé de première, pour le Prix Columbo des bancs de touche… Il récidive le 7 décembre 2024 au soir d’un Betis-Barça (2-2) où il s’est pris un carton rouge pour propos véhéments envers l’arbitre. Mais c’est encore son look qui constitue le délit le plus grave : un gros pull de laine gris avec des parements en dégradé blanc et gris clair… On est pourtant au FC Barcelone, club classieux, où les coachs ont toujours soigné leur mise. Après Cruyff (top de l’élégance), les Van Gaal, Rijkaard, Guardiola ou Luis Enrique ont porté le costard et souvent la cravate. Même Xavi, moins smart, mais pas négligé. Et voilà notre Flick, 60 ans et dépareillé, sur le banc d’une institution qui est pourtant mes que un club !

Le plus drôle, c’est que l’ex-coach du Bayern a imposé un dress code strict depuis son arrivée dans la Maison Blaugrana. Comme l’avait rapporté RMC-Sport, les joueurs, auparavant autorisés à rejoindre le stade pour les matchs à domicile dans la tenue de leur choix, devaient désormais s’y rendre en portant l’uniforme aux couleurs du club, selon les exigences de Hansi « corporate » Flick… Détail notable : aiguillonné par le coach allemand, le tête-en-l’air Pablo Gavi s’est mis à attacher correctement ses lacets avant d’entrer sur le terrain. Après les deux matchs de suspension du coach, son Barça va perdre sa place de leader de la Liga au profit des deux Madrid, le Real puis l’Atlético. Rétrogradé au classement après une défaite au Camp Nou face aux Colchoneros avec un coach débraillé et dont la nomination avait surpris à l’été 2024, le Barça est-il entré en crise ? Non : l’équipe joue très bien, elle carbure en C1 et après avoir décroché la Supercoupe d’Espagne le 12 janvier 2025 contre le Real Madrid (5-2), elle va reprendre les commandes du championnat courant février. Mais Hansi Flick fait toujours du Columbo : il avance patiemment vers son but, certes, mais avec le style vestimentaire qui pique les yeux.

Classico : Ancelotti bat Flick !

Le 26 avril, en finale de Copa del Rey, toujours contre les merengue battus 3-2 après prolongation, il perd toutefois son duel contre Ancelotti. Face à la classe italienne du grand Carlo (costard bien coupé, gilet fin, chemise blanche, cravate et pin’s Real au revers de la veste), l’ours allemand se surpasse dans sa veste trop courte, infroissable mais qui plisse à chacun de ses bonds de gamin excité, son polo noir bedonnant, son jeans serré à la taille par une grosse ceinture luisante à boucle, ses grosses Nike noires aux grosses semelles compensées blanches… Aligné anonymement avec ses joueurs pour la haie d’honneur aux perdants, sans signe distinctif du club à nouveau, il ressemble à un agent de sécurité privé : manquent plus que le badge plastifié et le talkie walkie ! Et c’est ce type qui ne ressemble à rien qui s’en va saluer le roi Felipe VI d’Espagne pour la remise du trophée… Le 11 mai, son Barça bat encore le Real 4-3 en Liga et file vers le titre : Hansi Columbo a gagné à la fin, mais en grossier polo sombre avec coutures apparentes blanches en haut des manches, grossier jeans bleu délavé d’une autre époque et grossières Nike blanches et noires et Swoosh marron crème… Malgré une élimination épique face à l’Inter en demie de C1, son Barça a tout gagné pour sa première saison (Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d’Espagne) et le 21 mai, il est prolongé jusqu’en 2027 par le FC Barcelone avec lequel il était initialement lié jusqu’en 2026.

Dans son style fashion victim, Hansi Flick a tout simplement accentué une évolution vestimentaire intéressante du coach à l’allemande. Avant, c’était plutôt l’apparence stricte à costard qui s’imposait, avec Felix Magath ou Jupp Heynckes, surtout, en gentleman anglais très réservé, rasé de frais et coiffé impeccable. Flick incarne en plus outré la nouvelle vague plus rock’n’roll des Klopp, Tuchel ou Marco Rose : pas super bien fringués (cf. les chemises qui dépassent des polos chez M. Rose !), expansifs, gueulards, avertis par les arbitres, très tactiles avec leurs joueurs et qui maîtrisent l’anglais (Hansi Flick en confs de presse)… À une époque où les entraîneurs s’efforcent d’être smart, très fit (Zidane, Xabi Alonso, Luis Enrique) et où ils doivent se soumettre aux trois obligations imposées à leur profession (les résultats, la com et le look), Flick envoie tout bouler pour aller à l’essentiel : les résultats (et les titres !) par le beau jeu. Malgré un PSG brillant, c’est bien son Barça qui a décroché la meilleure note artistique de la séquence 2024-2025. Et pour la nouvelle saison qui débute ? Lors du match amical Vissel Kobé–Barça du 27 juillet dernier, le bon Hansi a arboré un polo blau Barça très seyant avec l’écusson du club. Comme si après avoir réussi son test la saison écoulée, il s’accordait enfin sans complexe le droit de porter l’habit plus convenu de boss désormais incontesté du FC Barcelone…