Interview
Lorenzo Boglione (Kappa) : Pour moi, le maillot Kombat de l’Italie est le plus marquant
Pour les 25 ans du maillot Kombat, entretien avec le vice-président du groupe Kappa.
À l'occasion des 25 ans du maillot Kombat, on a échangé avec Lorenzo Boglione, vice-président du groupe Kappa, sur la genèse de ce maillot révolutionnaire.
Pour le 25e anniversaire du maillot Kombat, pouvez-vous nous parler de ses origines ?
Lorenzo Boglione : Le Kombat est né d’une démarche purement axée sur la performance. À l’époque, il n’y avait pas encore la VAR, et il était très facile pour un défenseur de tirer le maillot de son adversaire sans que l’arbitre ne s’en aperçoive. Chez Kappa, nous avons toujours conçu des équipements de performance. L’idée, c’est de donner un avantage au joueur : sinon, on ne fait que fabriquer des vêtements pour jouer au football. Nous nous sommes donc demandés : comment pouvons-nous les aider ?
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Les maillots étaient déjà très légers, donc le poids ne faisait pas vraiment la différence. Nous avons cherché une autre voie : faire en sorte qu’il soit plus difficile pour les défenseurs de retenir un joueur par le maillot. Si cela arrivait, le tissu pouvait s’étirer un peu, donnant aux joueurs une chance supplémentaire de marquer et permettant à l’arbitre de mieux voir la faute. Il y avait donc une vraie logique de performance derrière cette conception.
En plus de cela, le Kombat, lorsqu’il a été lancé avec l’équipe d’Italie, voulait aussi établir un lien esthétique fort. L’idée était de simplifier le maillot au maximum pour obtenir un rendu épuré. La combinaison entre une technologie de pointe et une esthétique minimaliste a représenté une véritable rupture à l’époque.
Le Kombat a donc marqué un tournant. Comment a-t-il été accueilli par les clubs, les joueurs et les supporters ? Certains ont-ils eu du mal à comprendre cette nouveauté ?
D’après ce que je sais, il a été un succès immédiat. Je n’étais pas encore dans l’entreprise à ce moment-là, mais tout le monde s’est précipité pour en produire davantage. C’est devenu une image iconique. Beaucoup de marques, y compris bien plus grandes que nous, ont été marquées en voyant cette équipe d’Italie. Et pas n’importe laquelle : Gattuso, Bonni, Totti… c’était l’une des plus emblématiques de l’histoire.

Les gens sous-estiment souvent l’importance des sponsors, mais certains apportent une vraie valeur symbolique à un maillot
Avant les années 2000, on était habitué à voir des maillots plutôt larges. Pensez-vous que le maillot Kombat a participé à changer la manière dont les maillots de foot étaient conçus ?
Nous n’avons pas « participé » à cette évolution : nous l’avons commencée à 100 %. C’est à partir du Kombat que les maillots ajustés sont devenus la norme.
Beaucoup se souviennent du maillot de l’Italie, de celui de l’AS Roma porté par Totti, mais également du maillot d’Auxerre de Djibril Cissé. Y a-t-il un maillot Kombat ou un joueur qui vous a particulièrement marqué ?
Pour moi, le maillot de l’équipe nationale italienne reste le plus marquant. J’avais 14 ans à l’époque, c’est l’âge où on devient fou de football. Mais je suis d’accord : Totti à la Roma, c’était exceptionnel. Il était au sommet de sa carrière, fidèle à son club, et il incarnait littéralement le maillot. Djibril Cissé aussi était un joueur fou, spectaculaire, charismatique… Et il y avait ce sponsor PlayStation : les gens sous-estiment souvent l’importance des sponsors, mais certains apportent une vraie valeur symbolique à un maillot. PlayStation était parfait à cette époque, alors que beaucoup découvraient le football à travers les jeux vidéo.

Vingt-cinq ans après, comment Kappa fait-elle évoluer l’héritage du Kombat ?
Ce n’est pas simple, car on a déjà beaucoup exploré le champ de la performance. Aujourd’hui, nous innovons davantage sur le plan du style. Nous aidons les clubs à devenir de véritables marques lifestyle, et pas seulement des équipes de football. C’est une autre forme d’innovation, et je pense que nous sommes encore pionniers sur ce terrain. Nous ne sommes pas aussi gros que d’autres marques, mais c’est précisément pour cela que nous devons continuer à innover pour rester compétitifs et différents.
En dehors du Kombat, y a-t-il un maillot récent dont vous êtes particulièrement fier ?
Je pense que le projet avec Venezia a vraiment marqué un tournant pour tout le monde dans l’industrie. C’est devenu une référence absolue : toutes les marques, tous les clubs regardent ce que nous avons fait là-bas et essaient de s’en inspirer. Beaucoup d’équipes viennent nous voir en disant : “On veut que vous fassiez avec nous ce que vous avez fait avec Venezia.” Mais ce n’est pas si simple. Quand Venezia est arrivé en Serie A (ndlr : en 2024-205), c’était un moment très spécial. Nous avons vendu plus de maillots que la plupart des clubs de première division, que ce soit en Italie ou ailleurs. Le mélange entre la marque, l’identité du club et les personnes qui ont travaillé sur le projet a créé une véritable explosion d’intérêt. Depuis, tout le monde tente de reproduire cette alchimie — et c’est une bonne chose, car cela pousse tout le monde à s’améliorer.

Qu’est-ce qui, selon vous, rendait ce projet avec Venezia si unique ?
Tout. Les couleurs, le style, la séance photo, l’esthétique globale. C’était un de ces moments où tout s’aligne parfaitement. On ne peut pas isoler un seul élément : tout fonctionnait ensemble.
Les maillots de football sont devenus des objets de mode que beaucoup portent au quotidien. Comment concilier l’aspect esthétique pour les fans et les exigences de performance pour les joueurs ?
Il n’y a pas de compromis à faire sur la performance : c’est non négociable. Nos maillots doivent être à la fois esthétiques et performants. Nous travaillons différemment selon les publics, le style, les shootings, mais tout repose sur l’écosystème : le maillot seul ne suffit pas, c’est tout le contexte visuel et culturel qui crée la différence.
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