Loin des maillots ou des écharpes, le style « casual » est un emblème de la « terrace culture » au Royaume-Uni. Retour sur l'histoire d'une mode devenue iconique chez les hooligans de l'autre côté de la Manche.

Alexis Rey-Millet

Quand on parle du style des supporters, on a tendance à penser maillots, vestes ou écharpes. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas. Direction le Royaume-Uni, berceau du football, où l’on voit éclore à la fin des années 70 une mode qui deviendra iconique parmi les hooligans : le style « casual ».

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous l’avez forcément vu passer dans les stades ou certains films de Guy Ritchie. Survêtements Sergio Tacchini, paires d’adidas Samba, écharpes Burberry ou vestes Stone Island : ça probablement été le style le plus répandu dans les « terraces », ces tribunes britanniques sans sièges. Pour retracer son origine, il faut remonter aux débuts du hooliganisme.

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Un style à contrepied

Avec le déclin de son industrie, le Royaume-Uni traverse une crise sociale d’ampleur. Beaucoup de jeunes issus de la classe ouvrière cherchent leur place au sein de la société anglaise et leur mal-être s’exprime à travers l’émergence de différentes sous-cultures.

Aux côtés de la mouvance punk et des skinheads, on voit alors apparaître les premiers hooligans, ces supporters parfois violents qui s’affrontent en marge des matchs.

Les premières traces du style « casual » peuvent être aperçues auprès des « Perry Boys » de Manchester ou des « Scallies » de Liverpool. Ces groupes ne se définissent pas par leur amour pour un club en particulier, mais nombre d’entre eux vont régulièrement au stade ensemble.

C'est quoi le style « casual » chez les supporters de foot ?

Ils adoptent un style à contrepied de celui que l’on voit habituellement en tribunes. Au milieu des écharpes et des maillots, ces jeunes garçons détonent avec leurs polos Fred Perry, leurs pulls Lacoste, ou leurs coupes à la David Bowie.

Si ces derniers sont considérés comme les précurseurs du style « casual », le mouvement se propage véritablement chez les hooligans avec la montée en puissance de clubs anglais comme Manchester United ou Liverpool sur la scène européenne.

Plus qu’un vêtement, un symbole

Lors des déplacements de leur équipe à travers l’Europe, les supporters découvrent alors certaines marques introuvables au Royaume-Uni. De nombreux magasins sont pillés par les hooligans anglais (au sens littéral, comme figuré), de plus en plus de supporters vont revenir avec des vêtements issus de marques italiennes, allemandes et françaises.

Ces pièces, à la limite du chic, deviennent des marqueurs des plus fervents supporters de chaque club, symbole de ceux qui ont suivi leur équipe à travers le continent.

C'est quoi le style « casual » chez les supporters de foot ?

La popularité du mouvement explose avec la répression initiée à partir des années 80 par Margaret Thatcher contre les « firms », les groupes de hooligans anglais. Pendant un temps, s’habiller « casual » permet de passer inaperçu auprès des forces de l’ordre, tout en se reconnaissant entre supporters d’une même « firm ».

Un héritage controversé

Les hooligans continueront d’embrasser la tendance jusqu’à leur déclin dans les années 2000. C’est pourtant loin de marquer la fin du style « casual » qui est devenu emblématique de la culture tribune. On a par exemple pu voir le mouvement représenté à l’écran dans des films plus ou moins réussis comme Green Street Hooligans (2005) ou The Firm (2009).

Green Street Hooligans (2025)
Green Street Hooligans (2025)

Les Goggle Jacket de C.P. Company, les écharpes Burberry, et les vestes Stone Island sont toujours portées dans les stades au Royaume-Uni, mais également en Italie et en France. Plusieurs personnalités du monde du football ont d’ailleurs fait des clins d’œil au style « casual », à l’image de Pep Guardiola, Luis Enrique ou plus récemment de Roberto De Zerbi.

L’héritage laissé par le mouvement reste néanmoins controversé. Il a longtemps été associé à la violence et aux mouvances d’extrême-droite issues du hooliganisme, bien que la question divise encore aujourd’hui.

Force est de constater que les hommages à la « terrace culture » se multiplient et que les marques assument désormais leur lien avec le mouvement « casual », à l’image de C.P. Company et ses collaborations avec Manchester City ou Bologne.

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