Pourquoi le ballon de foot Ikea est le cadeau de Noël idéal

C’est promis à tous les parents le soir de Noël : c’est le ballon qui ne fait pas mal. Il ne fera pas de bruit. Le voisin ou la voisine n’aura pas à ouvrir sa fenêtre ni à s’inquiéter pour sa vitre. On n’aura pas à aller le chercher sous une voiture. Grâce à lui, notre famille ne gueulera pas parce qu’on aurait les chaussures et le bermuda dégueulasses.

Un ami d’enfance

Les anciens sortaient le ballon noir et blanc dehors. Pour le terrain synthétique, le city-stade ou le Five, les ballons Nike ou Adidas permettent eux d’envoyer des longs tirs. Sur les plages, on utilise le ballon Corner, celui qui s’envole. Pour la cour de récré, on chope le ballon en mousse. Pour la maison, Ikea a eu la bonne idée d’inventer une autre sphère : le Sparka. Cette peluche rembourrée de 20 centimètres de diamètre est vendue le plus souvent blanche. Elle est ornée de carrés rouges, noirs, bleus, ou de toutes les couleurs. Bref, elle n’a rien à voir avec Gillis Lundgren, l’homme du canapé jaune, ni avec Virigil Abloh, qui a aussi bossé avec la firme suédoise. Elle est toute simple, comme la bibliothèque Billy.

Le Sparka a lui aussi un nom prononçable. Il est abordable. Pour l’avoir, il faut dépenser 4,99 euros. Soit deux paquets de bonbons, l’unité de mesure des enfants, avant qu’ils comptent en packs de bières. C’est une petite somme pour un objet multifonctionnel. Il fait office de doudou la nuit -le ballon, la peluche, tout ça tout ça, et de jouet le jour. C’est le parfait défouloir lors de l’enfance, quand la porte de la chambre fait office de but, et qu’on tape toujours au-dessus parce qu’on est trop p’tit. Pendant la première rupture amoureuse, il devient notre souffre-douleur. Il est aussi le témoin de nos retours de classe, et le premier moyen d’échanger avec son pote lorsqu’il vient visiter notre chambre pour la première fois. Enfin, il se transforme en vieux souvenir, restant dans la chambre quand on quitte le foyer parental. Il prend la poussière, et quand on le ressort en souriant, on dit qu’il est « toute notre enfance. » Il s’installe dans nos foyers, et n’en sort pas. Avoir des grands rêves pour un petit budget, c’est l’ambition d’Ikea, aurait pu dire Ingvar Kamprad, fondateur de la firme et à la postérité mitigée. A son décès, en 2018, des scandales d’évasion fiscale et les révélations de ses accointances avec le régime nazi avaient éclaté. Mais on s’éloigne du Sparka…

« Une partie de foot à l’intérieur ? Pourquoi pas ! »

Commercialisé dans les années 2000, le ballon en peluche existe car les enfants ont la chance d’avoir leurs chambres à eux. Il n’a pas été seulement destiné aux rejetons suédois, les gamins d’un pays qui connaissent la neige de novembre à mars. Il s’est exporté partout. Car oui, c’est un ballon qui ne sert qu’à l’intérieur. Le Sparka raconte ce nouveau mode de vie, celui des enfants qui passent les dimanches dans leurs chambres, qui sortent moins de chez eux. Alors oui, il laisse des traces sur les murs et fait gueuler les parents… Ikea le présente même ainsi : « Une partie de foot à l’intérieur ? Pourquoi pas ! Grâce à ce ballon en peluche, votre futur star du ballon rond pourra s’entraîner à faire des passes et à tirer, quel que soit le temps à l’extérieur. »

Enfin, s’il est un produit de son époque, il l’est également par sa fabrication : en série, rapide, 100 % polyesther, donc 100 % adapté aux livraisons et aux magasins modernes, ceux qui font arriver pour acheter un ballon mais qui font repartir avec des bougies, une table, des meubles et plein d’autres trucs parce qu’on est obligé de passer par tous les rayons, et que ça nous énerve. Mais, une fois rentré à la maison, les bougies n’intéressent plus personne. Ou en tout cas, beaucoup moins que ce drôle de ballon…