Il y a évidemment des références au foot dans le nouvel album "Dire je t'aime" de BEN PLG. Mais le rappeur nordiste a aussi beaucoup de choses à dire sur le sujet en dehors de ses textes ; notamment quand il s'agit d'évoquer les maillots qui commencent à s'accumuler chez lui.

Pierre Maturana / Photo de Ben PLG : Renaud Bouchez

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On va parler un peu de ton amour des maillots… Je suis venu vous parler de mon amour des maillots et du matin (l’interview a lieu à 11 heures dans les locaux de So Press, ndlr) !

Tu nous as rapportés quelques pépites de ta collection. Quelques grosses pépites !

Tu as combien de maillots chez toi ? J’en ai une trentaine, un truc comme ça. Tu sais, quand tu es plus jeune, tu achètes des maillots pour aller au foot. Et maintenant, c’est plus dans un petit esprit de collectionneur. Je ne suis pas un fou, mais des fois, ça me fait kiffer quand même. Puis les gens autour de moi voient que j’aime tellement le foot qu’ils m’offrent des maillots.

Dans ce que tu as ramené pour cette interview, il y a des maillots de Lens, de Manchester United, d’Arsenal, du LOSC… Comment tu choisis tes maillots ? Je pense que c’est par opportunité. Il n’y a pas longtemps, dans un magasin, je suis tombé sur un magnifique maillot de Zidane, numéro 21, à la Juve, flocage rouge. Un peu cher, je ne l’ai pas pris. C’est plus par coup de cœur. Je n’ai jamais supporté une équipe. Je fonctionne plus aux moments. Et quand tu tombes sur le maillot qui représente le moment, par exemple le Liverpool, Carlsberg, Xabi Alonso, tu ne peux pas faire grand-chose !

J’ai offert le maillot de Platini à mon père. Il en rêvait. Quand ton père te bassine avec ça, ça devient trop beau pour toi.

Ben PLG

Tu dis « un peu cher ». C’est quoi tes limites dans les maillots ? Mes limites, c’est mon pouvoir d’achat qui évolue chaque jour ! Non, franchement, je n’en sais rien. Je crois que le Zidane, il était à un peu plus de 200 balles. Il était beau de fou mais c’est un craquage. Pour nous autres amoureux du foot, c’est OK parfois. En revanche, je ne pourrais peut-être pas mettre 200 balles dans autre chose. Mais c’est juste que… Zidane, la Juve, les flocages : les matières de flocage vintage, elles sont quand même trop belles. Je peux tuer pour un petit logo Premier League, là en bas.

C’est quoi la recette d’un beau maillot ? La recette d’un maillot réussi, je dirais que c’est un maillot iconique, en fait, qui directement te frappe. Ça ne se joue pas forcément dans le design, en fait. C’est plus dans comment l’équipe, elle a porté le maillot. Par exemple, le maillot O2 d’Arsenal. Le rouge, celui des Invincibles. Il n’est pas forcément très beau, en vrai. Il est beau, mais il n’est pas très beau et il est magnifique, en fait. Parce que, quand tu vois Thierry Henry avec, en train de regarder le public comme s’il allait les tabasser, ça te fait quelque chose. C’est pareil pour le maillot du Cameroun en une pièce. Moi, j’ai un faible, bizarrement, pour le maillot de l’équipe de France de la Coupe du Monde 2002. Je ne sais pas pourquoi, je le trouve beau de ouf. Il évoque des ballons sur la barre transversale pendant trois matchs et il pue la merde, même si j’envoie de la force à Johan Micoud, mais pour moi, c’est une Madeleine de Proust. Le maillot du Werder de Brême, Valérien Ismaël, les trucs comme ça, ça me fait kiffer.

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Est-ce qu’il y a des détails qui te plaisent plus que d’autres ? Un beau maillot à col, avec un petit bouton bien fermé… Je n’aime pas trop les nouveaux cols comme ceux de Puma en ce moment, ça me saoule un peu. Mais quand tu as un beau col bien fermé, bien anglais, c’est beau. Et puis j’aime quand il y a des espèces d’innovations, quand il y a des trouvailles, des trucs qu’on n’a jamais vus, des choses un peu techniques. Moi, j’ai beaucoup aimé ce qu’a fait le Danemark à l’Euro, un uni blanc, comme ça. Je crois qu’ils avaient déjà fait du noir, tout noir. C’est hyper classe. En fait, souvent, dans le foot, la sobriété, ça paye… Mais pour moi, le foot c’est les souvenirs, surtout. Il n’y a pas longtemps, j’ai offert le maillot de Platini à mon père. Il en rêvait. Juventus, Platini. Quand ton père te bassine avec ça, ça devient trop beau pour toi. Donc moi, Juventus, je trouve ça trop bien. Newcastle, du coup, pareil. Tu la connais, l’anecdote ? Ils sont rayés en noir et blanc parce que normalement, c’est rose et ils n’avaient plus de maillot et leur équipementier s’est trompé, leur a envoyé un kit de maillots de Newcastle. Et du coup, c’est pour ça qu’ils jouent en noir et blanc. C’est fou, ça.

Ça t’intéresse, toutes ces histoires-là, ces anecdotes de maillots ? Bah gros, évidemment. C’est ça qui est trop bien. Et puis, le mieux, c’est par rapport à nos maillots quand on était petits. Moi, j’ai joué à Neuville-en-Ferrain, un club de Lille, enfin, autour de Lille, on avait le sponsor Quick. Tout le monde nous connaissait parce qu’à la même époque, à Marseille, ils avaient le Quick sur le cul, avec Bakayoko et tout. Du coup, nous, on se faisait tailler par tout le monde. C’est des beaux souvenirs. En plus, maintenant, ça revient à la mode de porter son maillot de son club local, tu vois. A l’époque, je trouve qu’il y avait moins le truc des kits. Genre un club sponsorisé par Nike, mais Nike ne fait pas de boulot et envoie le kit de base, colle des logos et hop. Moi, j’ai un maillot de Grande-Synthe, un club à côté de Dunkerque, des années 2000, et t’as l’impression qu’ils ont vraiment bossé le maillot. C’est fou, ils étaient vachement dans un truc très Bernard Lama et tout, c’était flashy, il y avait des formes partout, c’était des fonds d’écran Windows ! Je kiffais, tu vois. Moi, ça m’évoque des souvenirs. Honnêtement, je regarde un maillot comme je pourrais regarder un beau paysage.

BEN PLG : "Je regarde un maillot comme je regarde un beau paysage"

Tu parlais du flow, un peu, de Thierry Henry avec le maillot O2. Est-ce qu’il y a un joueur, pour toi, qui représente le flow ultime dans un maillot ? Juan Sebastian Véron, dans n’importe quel maillot, quand même.

A choisir : Parme, Lazio, Manchester ? Argentine, je crois. Véron, quand même, gros… Après, je peux te parler de Nesta, Maldini, l’Italie et le maillot Kappa. Les Italiens, c’est quelque chose, quand même avec le Kappa sur la manche et le petit drapeau de l’Italie. Les Italiens ont trop de flow. Je pourrais aussi dire Cantona, Lampard, quand même. Ou des équipes comme Manchester United : 4-4-2, Ferdinand, Scholes, Beckham. Mais quelle équipe de ouf ! Moi, j’ai vachement ce rapport à l’enfance, donc je te dirais toujours des joueurs d’avant. Edgar Davids, gros, Edgar Davids, c’est grave ! Même, il y avait des mecs sur des époques précises, tu vois : Maniche et sa frappe en 2004, Deco, gros, époque Porto et tout. Maniche, quand il met sa frappe en 2004, Rui Costa, gros ! Rui Costa ! Numéro 10, comme ça, là ! Shevchenko, Crespo. Moi, je n’aimais pas le Milan AC, mais en vrai c’est les joueurs qui te font aimer. T’avais peur, mais surtout, ils étaient trop beaux. Maldini, comment il défend, c’est trop grave. Là, c’est pas l’école, du « Tchi tchi ». Non.  C’est lui, t’es par terre, il ne t’a pas parlé, il est là, il joue en Lotto. Ouais, c’est classe, mais c’est fini, comme les joueurs qui mettaient des Mizuno.

Qu’est-ce que tu n’aimes pas du tout dans les maillots? J’ai du mal avec les nouveaux logos. Genre, le nouveau logo de la Juventus, j’ai la flemme, franchement. C’est des oeuvres d’art. On ne touche pas. C’est pas des logos d’agence de com, cassez pas la tête…  Ça, ça me chagrine. OK, changez les stades, appelez les stades Géant, Casino Stadium, si vous voulez, amusez-vous. Mais, vas-y, laissez les logos ! Ça pourrait m’empêcher d’avoir un maillot de la Juve, par exemple.

C’est quoi le premier maillot que t’as eu ? Le maillot du LOSC. Moi, je suis né à Lille. Chez nous, on a Décathlon, qui est une entreprise du Nord. Et donc, logiquement, Lille, ils étaient chez Kipsta, chez Décath. Du coup, le maillot, il coûtait 30 balles, et c’était le seul maillot de Ligue 1 qui coûtait 30 balles. Et ça, c’est trop bien, c’est con mais moi, ça m’a aidé à être supporter. Je me suis dit « Bah, je peux acheter le maillot, en fait ».

C’est important que le maillot reste accessible. C’est une dinguerie, en vrai. C’est le seul maillot qui coûtait ce prix-là. Les autres équipes, c’était plus cher. Quand t’es un gamin, que tu n’as pas d’oseille, 30 balles à Noël, ta mère, elle peut les mettre, ça va. Toi, t’as le maillot de ton club, donc t’es refait.

Je peux tuer pour un petit logo Premier League, là en bas…

Ben PLG

Tu disais que t’aimais les flocages à l’ancienne. Et tu as ramené quelques maillots floqués. Notamment celui du RC Lens floqué 28 et André. Tu nous racontes ? On passe sur le pendant maléfique ! Moi, en gros, quand je suis petit, mon père m’emmène à Bollaert et je kiffe. Après, je passe sur le LOSC, parce que je pense que j’ai besoin de me construire une identité à moi. Et aujourd’hui, en vrai, j’aime les deux équipes. Ce qui est rigolo, c’est qu’on m’emmène à Bollaert, et il me donne ce maillot. André, 28, magnifique flocage LNF. Mais, en fait, ce n’est pas un joueur. André, c’est mon père, et c’était pour ses 28 ans. Tu sais, c’est les maillots qui ne veulent un peu rien dire. Moi, au début, par honte, quand j’étais plus jeune quand je le mettais, je disais « Ouais, c’est Pierre-Yves André » alors qu’il n’a jamais joué à Lens ! Mais en vrai, ce maillot, il est trop stylé, logo brodé, sponsor Ola, franchement…Quand je retourne à Bollard, je mets celui-ci ou un autre, le maillot doré, que j’ai aussi et qu’ils ont refait d’ailleurs cette année. Bref, quand je vais à Lens, dans le bar corse en face, tout le monde me prend pour un ancien avec mon maillot alors que j’y vais tous les trois ans ! Le flocage de mon père, pour ses 28 ans, ça me fait délirer, parce que du coup, vu que je connais l’âge de mon père, il a un peu plus de 50 ans, je me dis « Putain, c’est fou, quoi ! ». Et moi, j’ai plus de 28 ans maintenant et j’ai un maillot de mon père qui est plus jeune que moi, c’est fou !  J’aime beaucoup ce maillot. Il est cher à mon cœur.

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Quel est le maillot que tu rêves d’avoir dans ta collection ? Totti, AS Rome, numéro 10, manches longues.

Veron, Totti… Tu serais capable d’avoir des maillots de défenseur ? Ouais, même de gardien, moi j’étais gardien. J’avais trois gardiens préférés : Casillas, Barthez et Landreau. En vrai, Landreau à Nantes, c’est une singerie. Mais les maillots de gardien, malheureusement, ils sont pas très beaux, en général. Parfois t’as l’impression de te retrouver face à un CRS ! Quant aux maillots de défenseurs, un big Javier Zanetti, je prends ! Je me rends compte que je suis porté football italien, je pense que c’est parce que ça me rappelle les années où ce championnat était fort. C’était notre génération, les années 2000, avec ces joueurs qui défendent le corps droit, les yeux en l’air. Le short sale, mais quand même, tac, où est-ce que je relance, j’envoie la bonne passe… Bisous à Frédéric Déhu, mais c’est autre chose, quand même.

Et au quotidien, ton rapport au maillot, est-ce que tu en mets à la ville ? Parfois tu en mets un peu en concert, mais pas tant que ça, une fois de temps en temps. Alors, au quotidien, je peux en mettre. J’ai un maillot de l’Algérie que j’aime bien. Et quand je le mets, plein de gens me posent des questions. « Bah, t’es Algérien ? » Bah, je m’en branle, gros ! Ca me fait plaisir de porter ce maillot. Quand tu mets ton maillot du FC Barcelone, je ne te demande pas si t’es espagnol, tu vois. C’est rigolo, je trouve que ça fait un peu bouger les lignes. Ça, c’est cool.

Est-ce qu’il y en a un dans ta collection que tu peux mettre facilement à la ville, pour te faire un petit look ? Ouais, carrément. Pendant pas mal de temps, je mettais celui-là, le maillot de l’IR Tanger avec le logo de l’aéroport de Tanger. C’est extraordinaire. Il a une histoire cool. Je suis parti à Tanger en vacances, il y a 6-7 ans et un jour je vais m’insccris à un open mic. Tu vois ce que c’est ? Et en fait, le mec voit que j’ai déjà fait des trucs en France, il me dit « Ah non, viens chanter 2-3 morceaux ». J’étais en vacances avec ma meuf de l’époque et donc je me retrouve sur scène, avec ma meuf en tant que DJ, mec ! Je fais 3 morceaux, ça n’a aucun sens. Ma meuf, elle fait des conneries et tout, mais c’était des barres. Enfin, « ma meuf », je dois dire mon ex, histoire de ne pas me brouiller avec la Terre entière. Bref, je sors de là, trop bien, je rencontre des gens. Ils me font revenir un an plus tard pour faire un vrai concert dans la même salle. Je me dis qu’il faut que je me trouve un maillot, et je trouve ce maillot de l’IT Tanger, une bonne équipe de première division. Trop cool pour le concert. J’ai gardé de l’affection pour la ville, j’ai fait un clip de ma chanson La Nuit là-bas. Avec mon équipe, on s’est fait des amis là-bas, on s’écrit encore souvent. Du coup, ce maillot, il a vraiment de la valeur pour moi.

Si tu dois faire un foot avec des potes, tu mets lequel ? Celui de Tanger. Parce que tous les autres, je ne les mettrais pas pour faire du sport. C’est devenu des trucs de collection, quoi.  Tu les portes pour les porter, ou au stade. Mais quand tu fais un foot, c’est cool d’avoir un maillot what the fuck. Je trouve ça plus sympa, plutôt que d’avoir un Cantona floqué 7, que j’adore, super maillot, mais pour jouer, vas-y, laisse les légendes, gros, et porte un truc plus accessible en termes de niveau de jeu !

Est-ce que tu te mets à suivre les équipes dont tu as les maillots ? Non, pas du tout. Ce serait hypocrite. Après, par exemple, l’année dernière, je suis allé avec mon père en Écosse. Notre rêve, c’était d’aller voir un match de football britannique. On a été voir Hibernians. Vu que je suis allé au stade, que j’ai rencontré des fans, que j’ai vécu un moment, là, je vais avoir tendance à suivre un peu plus. Celui de Tanger, je le mets plus par rapport à la ville, parce que je ne suis jamais allé les voir jouer.  Pas mal de gens me disent « Tu parles de Lens, mais à Skyrock, quand tu fais un freestyle, tu as un maillot du LOSC ». Ouais, mais ça représente la ville, en fait ! Pour moi, le foot représente la ville et les gens. Le foot, ce n’est pas qu’un truc de supporters. C’est un truc de gens. C’est ça qui rend le truc super.

Je regarde un maillot comme je regarde un beau paysage.

Ben PLG

Pour finir, tu as un maillot un peu à part dans ta collection : un maillot de handball. C’est celui de Samir Bellahcene à l’Union sportive dunkerquoise. Il vient de remporter l’Euro de hand avec l’équipe de France, et c’est un frérot. …  Ça, c’est un maillot de gardien que Samir m’a offert, et on a dit ce qu’on avait à dire sur le maillot de gardien ! C’est rigolo, on a beaucoup parlé ces derniers temps, parce que lui, pile au moment où il était dans l’Euro, moi, je sortais mon album. Du coup, on vivait des périodes assez fastes en même temps, qui n’ont rien à voir, moi, pour moi : gagner une Coupe d’Europe comparé à sortir un album, mec… J’ai bossé avec l’USDK d’ailleurs.  Avant que l’émission Netflix sorte, donc que je sois connu du grand public on va dire, tu as ce club-là qui me contacte, en mode « ouais, on te kiffe, et on aimerait bien que tu nous fasses notre prochain maillot extérieur ». On a fait un maillot d’échauffement, disponible sur le site internet  de l’USDK, floqué, nom-prénom personnalisable, 45 balles, mec !

Ça te rappelle le maillot à 30 euros de ton enfance !  Exactement. Franchement, c’est le même prix avec le flocage. Mais, sauf qu’à l’époque, je mettais Philippe Brunel. Putain, Philippe Brunel, mon gars, je me la coupe sur Philippe Brunel !

Pierre Maturana / Photo de Ben PLG : Renaud Bouchez

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