La question se pose, qu’on soit simple invité(e) à la cérémonie, témoin, demoiselle d'honneur ou même l’un(e) des marié(e)s.

Chérif Ghemmour / Illustration : Kim Mahé

« Jurez de vous aimer et de vous respecter en partageant les buts, les vidéos de Maradona, d’avoir des enfants et de leur donner comme deuxième prénom, celui de Diego. Que les hommes ne séparent pas ce que le dieu du football a uni. Amen ! » En Argentine, au sein de l’incroyable Iglesia Maradoniana (L’Eglise maradonienne), les cérémonies de mariages autorisent les dingueries les plus loufoques sous le signe du ballon rond. Les futurs époux, parfois, et leurs proches, souvent, peuvent ainsi arborer sans complexe un maillot de football… pourvu qu’il soit floqué du numéro 10 et du nom de leur idole absolue !

Ces excentricités argentines un peu extrêmes se manifestent aussi dans les autres grands pays de foot, soccer ou football américain aux Etats-Unis, où les tuniques de club ou de sélection égayent les baptêmes, les mariages et même les enterrements. Avec humour ou gravité, le football crée parmi les petites communautés d’amis un lien social fort, plus consensuel en tous cas que la politique ou les coups de sang de Will Smith…

Se marier sur le thème du football

Reste que les codes du mariage imposent toujours un peu partout le cérémonial solennel un peu guindé du marié en costard et de la mariée en robe blanche. Et il en va de même pour les amis, les proches, les témoins et les demoiselles d’honneur qu’on imagine mal voir débarquer en jeans, T-shirt, baskets. Mais à l’âge du sportswear triomphant et de la culture foot généralisée, le port du maillot de football se banalise de plus en plus. Même chez les filles !

A tel point qu’en France, pays double-champion du monde, les sites spécialisés dans l’événementiel nuptial proposent désormais des « mariages sur le thème du football ». Encore un coup de boutoir aux traditions strictes entamées depuis un bout de temps par les haies d’honneur avec ballons levés à la sortie de l’église ou les maillots de foot portés à la sortie de la mairie par les coéquipiers du marié, avant-centre de la petite équipe du coin !

Alors, oui : le maillot de football n’est plus si inconvenant lors des mariages. Mais à condition de bien respecter quelques règles… Les futurs époux doivent d’abord prévenir parents et grands-parents un peu old school que le dress code sera un peu dépareillé par des invités excentriques, sinon la cérémonie commencera mal : « Maman, lui, c’est Eric, mon vieux pote de fac ! C’est celui qu’a un ballon dans le crâne. Son maillot violet, c’est celui de Toulouse ! »

Bien choisir son maillot

Ensuite, le maillot de foot n’empêche pas une certaine élégance. Mais pas au point non plus de s’accoutrer du noir-arbitre plutôt seyant mais qui inspire par sa couleur flic la peur de sanctions très punitives. Il faut aussi éviter d’emblée les maillots lourdement chargés de pub atroces, style l’AJ Auxerre et son Duc de Bourgogne ou l’horrible maillot third « torchon de cuisine » barré d’un crocodile rouge de l’OGC Nice 2011 !

Maman, lui, c’est Eric, mon vieux pote de fac ! C’est celui qu’a un ballon dans le crâne. Son maillot violet, c’est celui de Toulouse !

Quelqu’un, un jour

Pour garder un peu de solennité, on préfèrera la discrétion d’un maillot le moins saturé de pubs, uni, de couleur sombre (bleu Chelsea) ou blanc éclatant, plus en matière légère qu’en satiné flashy, à l’encolure haute plutôt qu’en col V, si possible sans numéro et sans nom floqués au dos, avec manches courtes en été.

À même la peau, sous une veste assortie ou non, le maillot de foot ne déparera pas trop au milieu des costards-cravates et robes longues et vous serez peut-être invités à nouveau pour d’autres noces. Surtout si vous avez eu le bon goût de vous exhiber avec l’hyper consensuelle tunique France 98 zidanesque floquée du numéro 10, prétexte à envoyer la sono (« Et un ! Et deux ! Et trois zéro ! »), puis à se déhancher plus facilement sur la piste qu’avec une chemise trop serrée sous les aisselles…

Le maillot de foot à un mariage, c’est d’abord un gros clin d’œil à la solennité avec un mauvais goût beauf ou Footix assumé. Une marque d’humour gentiment régressive, comme un cosplay auquel même les futurs époux peuvent participer, à notre époque anxiogène comme jamais. Après tout, You’ll never walk alone ferait une très jolie marche nuptiale à la sortie de la mairie avec les potes emmaillotés PSG ou OM !

Chérif Ghemmour / Illustration : Kim Mahé

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