Entre le faux sponsor du Perugia Calcio, le maillot 'glace à l'eau' de la Roma, ou encore le lien improbable entre la Lazio et Pierre de Coubertin : voici 10 anecdotes sur les maillots des clubs italiens.

Eric Maggiori

Napoli

Lors de la Coupe du monde 1934, le Napoli a prêté son maillot à la sélection autrichienne. En effet, le 7 juin 1934, l’Allemagne affronte l’Autriche lors de la petite finale pour la troisième place, au stadio Ascarelli de Naples. Mais quand les deux équipes débarquent sur la pelouse, problème : elles arborent toutes les deux un maillot blanc et un short noir. Le comité de la Coupe du monde propose alors une solution : que l’une des deux équipes, par tirage au sort, change de maillot.

L’Allemagne remporte le tirage et c’est donc l’Autriche qui doit changer de tenue. Les Autrichiens récupèrent ainsi les maillots bleus du Napoli dans les vestiaires du stade. Ce fut évidemment la première fois dans l’histoire de la Coupe du monde qu’une équipe entrait sur le terrain avec les uniformes d’un club. Un maillot qui n’a pas porté chance aux Autrichiens, battus 3-2 par des Allemands pourtant outsiders. A tel point que la presse allemande a surnommé ce match « Le Miracle de Naples ».

Au centre, le joueur autrichien avec le maillot du Napoli
Au centre, le joueur autrichien avec le maillot du Napoli

Torino

Le Torino aurait pu arborer les mêmes couleurs que le Borussia Dortmund. En effet, en décembre 1906, lors de son tout premier match officiel, le Torino se pointe avec un maillot à rayures noires et jaunes. La raison ? Quelques jours plus tôt, des dissidents de la Juventus ont conclu un accord avec les membres du FC Torinese pour créer un nouveau club : le FC Torino.

Problème, le club nouvellement fondé n’a pas eu le temps de commander des nouveaux maillots, et va donc utiliser, pour son premier match, les maillots du FC Torinese, qui étaient jaunes et noirs. Ce qui n’était pas forcément génial en terme d’image, puisque le jaune et le noir étaient les couleurs des Hasbourgs, les ennemis de la famille de Savoie. Très rapidement, le Torino a donc troqué le jaune et le noir contre le grenat, choisi pour rappeler la cravate des soldats de la Brigade de Savoie, qui, 200 ans auparavant, avait contribué à libérer Turin de l’assaut franco-espagnol.

En Italie, on joue aussi avec les mains (Credits:www.magliarossonera.it)
En Italie, on joue aussi avec les mains (Credits:www.magliarossonera.it)

Udinese

Le noir et le blanc ont toujours été les couleurs de l’Udinese. Néanmoins, le club frioulan n’a pas toujours arboré des rayures bianconere, comme c’est le cas aujourd’hui. À la base (on parle là de la toute fin du XIXe siècle), le maillot de la Société Udinese di Ginnastica e Scherma était juste noir avec une grosse étoile blanche à cinq branches. Aucune explication historique n’a jamais été donnée quant à l’utilisation de cette étoile.

En 2016, à l’occasion de son 120e anniversaire, l’Udinese avait sorti un maillot hommage entièrement noir, avec une étoile blanche au centre, au-dessus des sponsors. C’est bien, mais ça ne nous donne toujours pas d’explication.

Et pourtant, non, l’Udinese n’a pas gagné 10 championnats d’Italie.
Et pourtant, non, l’Udinese n’a pas gagné 10 championnats d’Italie.

Lazio

Il existe un lien entre la Lazio et… Pierre de Coubertin. En effet, en 1894, le Baron fonde le Comité international olympique (CIO) de façon à rénover les Jeux, originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, dans la Grèce antique. Les premiers Jeux modernes se tiennent d’ailleurs en 1896 à Athènes.

Quatre ans plus tard, inspiré par les Jeux, l’athlète romain Luigi Bigiarelli décide de fonder avec d’autres sportifs un club d’athlétisme : la Società Podistica Lazio. En hommage aux Jeux Olympiques et à la Grèce, il décide de donner à ce nouveau club les couleurs du drapeau de la Grèce : le bleu ciel et le blanc. L’année suivante, la section football est inaugurée. Celle-ci jouera d’abord en blanc, puis, dès 1903, en bleu ciel et blanc.

Elle ne ferait pas tâche chez Celio, celle là. (Credits:www.sslaziomuseum.com)
Elle ne ferait pas tâche chez Celio, celle là. (Credits:www.sslaziomuseum.com)

Genoa 

En 1893, un groupe d’Anglais installés à Gênes fonde le Genoa Cricket and Athletic Club, qui, quelques années plus tard, se met également à jouer au football. Au début, les joueurs utilisent les même maillots blancs que l’équipe de cricket. Mais en 1899, la section foot souhaite se démarquer et adopte donc son premier « vrai » maillot : une liquette à rayures blanches et bleues, exactement comme celle de Sheffield Wednesday, l’un des pionniers du football en Angleterre.

Le Genoa portera ce maillot pendant deux ans. Puis en 1901, un vote est organisé parmi les neuf sociétaires du club pour choisir définitivement les couleurs du maillot. Les deux propositions sont soit bleu et rouge, en hommage au drapeau britannique, soit bleu avec des bords blancs. À une voix près (5 contre 4), c’est le bleu et rouge qui l’emporte, devenant ainsi les couleurs du club génois.

Une belle brochette de hipsters.
Une belle brochette de hipsters.

AS Roma

En 1927, sur volonté du régime fasciste, plusieurs clubs de Rome fusionnent pour donner naissance à l’AS Roma. Le club fraichement fondé choisit les couleurs de la bannière du Capitole de Rome : le rouge et le jaune, et va arborer ces deux couleurs sans exception pendant 50 ans.

Mais lors de l’été 1978, la Roma change d’équipementier, et passe de adidas à Pouchain. Lors des 11 premières journées de la saison 1978-79, la Roma alterne alors entre le maillot de la saison passée (rouge avec col orange) et un nouveau maillot entièrement orange, pas franchement du goût des tifosi.

AS Rome ou Lorient ?
AS Rome ou Lorient ?

Mais ce n’était rien comparé au maillot que Pouchain allait balancer dès la 12e journée… Designé par Piero Gratton, l’homme qui avait déjà dessiné le célèbre emblème ‘Lupetto’, le nouveau maillot est en grande partie rouge, avec sur le haut des épaules un dégradé orange. Les manches, elles, sont blanches, avec des touches de rouge, orange et jaune. Le maillot away suivait les mêmes principes, le blanc remplaçant le rouge. Ces deux maillots, conservés jusqu’à la fin de la saison suivante, gagneront le surnom de « maglia ghiacciolo », soit en français : « maillot glace à l’eau ».

10 anecdotes que vous ne connaissez pas sur les maillots italiens

Perugia

Perugia a été le premier club italien à avoir officiellement un sponsor sur son maillot. Enfin, pas si officiellement que ça. À l’été 1979, Perugia doit financer le transfert de Paolo Rossi. Le president du club, Franco D’Attoma, se met alors d’accord avec l’usine de pâtes Ponte, qui verrait sa marque affichée sur le maillot perugino en échange de 400 millions de lires. Problème : c’est alors interdit en Italie.

Pas grave, D’Attoma trouve une solution : afin de contourner l’interdiction fédérale, il créé une fausse entreprise de tricot, Ponte Sportswear, qu’il répertorie comme le nouvel équipementier de son équipe. Il ne fallut guère longtemps à la Fédération italienne pour réaliser la tentative d’entourloupe. Mais malgré les amendes, et l’inévitable retrait de la marque publicitaire des maillots, D’Attoma a persévéré, apposant la marque Ponte sur les tenues d’entraînement, les vestes d’avant-match et à peu près partout à l’intérieur du Stadio Curi…

Cet homme sera meilleur buteur du Mondial trois ans plus tard.
Cet homme sera meilleur buteur du Mondial trois ans plus tard.

Inter

Sur ses 116 années d’existence, l’Inter a porté un maillot rayé noir et bleu à 115 reprises. Quid de la dernière année restante ? C’était en 1928-1929, et cette année là, l’Inter, ou plutôt l’Ambrosiana, porte un maillot blanc avec une grande croix rouge. Que s’est-il passé ? En 1928, le régime fasciste impose une fusion entre US Milanese et l’Internazionale. Le nouveau club fondé doit prendre un nom ‘italien’ : ce sera donc l’Ambrosiana. Le nouveau maillot reprend exactement les couleurs et les motifs du drapeau de Milan, à savoir une croix de Saint-Georges rouge sur un fond blanc.

Cette nouvelle identité déplait fortement aux supporters, qui continuent d’appeler leur équipe ‘Inter’. Les dirigeants interisti iront même jusqu’à défier le régime fasciste en endossant, le 25 mai 1929, à l’occasion d’un amical contre Newcastle, un maillot rayé noir et bleu, décoré avec un écusson de l’US Milanese. Dès la saison suivante, l’Ambrosiana reprend son maillot nerazzurro, et récupèrera son nom ‘Inter’ à la chute du régime, en 1945.

10 anecdotes que vous ne connaissez pas sur les maillots italiens

Venezia

Venise est probablement l’un des clubs en Italie qui a changé le plus souvent de couleur de maillot. Lors de ses trois premières années d’existence, de 1907 à 1909, le FBC Venezia a joué en rouge et bleu, couleurs héritées des clubs précédents. Or, le bleu et le rouge étaient déjà les couleurs du Genoa, équipe de la ville de Gênes, ville historiquement hostile à Venise.

En 1909, Venise donc décide de changer pour un maillot à rayures verticales noires et vertes. En 1929, le club change de nom et devient la SS Serenissima (surnom de la ville de Venise). Le maillot devient alors rouge vénitien, couleur empruntée au drapeau de Saint-Marc. Cette tenue sera utilisée jusqu’à la saison 1934-1935, lorsque le club revienne au nom Venezia et donc au noir et au vert.

Venezia n’avait pas attendu Kappa pour faire des photos stylées (1963).
Venezia n’avait pas attendu Kappa pour faire des photos stylées (1963).

Enfin, en 1987, Venise a fusionné avec un autre club, Mestre, dont le maillot était orange. Le nouveau Venezia a donc incorporé le orange à son maillot et à son blason, devenant ainsi orange, vert et noir. Trois couleurs… surprenantes.

Bologne

Les origines des couleurs du maillot de Bologne se trouvent en Suisse, du côté de la ville de Rorschach, au sud du Lac de Constance. Au tout début du XXI siècle, le jeune Arrigo Gradi part étudier à l’Institut Wiget de Rorschach. Là-bas, le football y était déjà enseigné par des professeurs anglais, et ce sont d’ailleurs des anciens élèves de cet Institut qui ont fondé le plus ancien club suisse encore en activité, le FC Saint-Gall.

L’équipe de football de l’Institut Wiget avait un maillot rouge et bleu, et Arrigo Gradi avait fait partie de cette équipe pendant ses études là-bas. De retour à Bologne en 1906, il continue de jouer au foot avec d’autres jeunes de la ville et se pointe à tous les entraînements avec son maillot rouge et bleu. Trois ans plus tard, en 1909, toute cette petite bande décide de fonder officiellement un club de foot, le FC Bologna. Arrigo Gradi est nommé capitaine, et propose d’adopter les couleurs rouges et bleues. Bologne n’a plus jamais quitté ces couleurs depuis.

10 anecdotes que vous ne connaissez pas sur les maillots italiens
Eric Maggiori

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