"Football is a lifestyle" est un livre qui sort ce 15 janvier. Il recueille les meilleures photos argentiques de maillots prises par un photographe qui monte, qui monte, qui monte : Sabi Singh.

Par Léo d'Analog Sport / Photos issues du livre

Sabi, peux-tu te présenter brièvement ?

J’ai 21 ans, je viens de Goussainville dans le 95, à 10 minutes de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Je suis actuellement étudiant en 3ème année de Gestion. Et je travaille avec mon frère avec qui on tient un restaurant à Garge-les-Gonesses.

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Est-ce que t’étais destiné à faire de la photographie ?

Non, j’étais pas destiné à ça… C’est quelques petits évènements qui m’ont poussé dans cette voie. D’abord un voyage avec le Lycée à Berlin en 2019. Je voulais tester ce que ça faisait de prendre des photos autrement qu’avec le téléphone. Ensuite en août 2019, je suis parti en solo à Londres sur la journée. De 6h du mat’, à 11h du soir. Comme ça, pour me changer les idées. Je suis allé voir un match d’Arsenal. L’équipe féminine, c’était moins cher que les gars. Je ne m’attendais à rien. Et avant d’aller à ce match, je ne connaissais strictement rien à la photo de football. Surtout je ne m’ étais jamais dit que moi aussi je pouvais en prendre ou faire partie des gens qui créent du contenu football. Le lendemain, je les ai postées sur Twitter et une joueuse les a repostées. Immédiatement, tu prends un peu de notoriété et même si c’était rien.. forcément ça fait plaisir. Par la suite, je voulais shooter d’autres matchs en France mais je ne savais même pas qu’il fallait des accréditations. J’avais demandé au PSG je crois. C’est marrant quand j’y repense. La honte… après j’avais demandé Lens, Marseille. J’ai reçu zéro réponse.  C’est après, en me renseignant sur internet, que j’ai vu combien c’était complexe. Et là j’ai tenté les matchs féminins, c’était plus simple. L’ambiance était plus chill. T’avais pas la pression. C’était plus simple aussi d’avoir de la proximité avec les joueuses. 

Que peux-tu dire de ton parcours dans la photo ?

2020 à 2021 c’est le confinement et c’est là que j’ai le plus progressé paradoxalement. Bloqué chez moi, alors qu’on venait de commencer avec la première promotion d’Analog Sport. J’ai commencé à me renseigner sur toutes les pellicules, tous les appareils qui existaient. Malgré les interdits de circulation, je sortais prendre des photos avec ma petite attestation. 2021, c’est là où je me lâche et je prends le plus de plaisir. Que ce soit avec Analog et la campagne qu’on a réalisé pour la Ligue 1. Mais aussi pour la D1 Arkema pour laquelle je commence à me donner. La D1 Arkema m’a ouvert les yeux sur le potentiel de la photo de sport et c’était un terrain parfait pour tenter de nouvelles techniques. A ce moment-là, je teste un peu tout et j’explore pas mal le potentiel de l’argentique. J’apprends à réfléchir si la photo vaut le coup. J’avais l’impression de me comporter comme un pro car je me levais pour ça, je vivais le process. Et en même temps, c’était sans la pression, ça restait que du plaisir.  2022 c’est une phase … comment dire… le néant quoi! Perte de motivation. Période rétrospective. On voit ce qui ne va pas dans sa propre vie. Besoin de repos mental aussi après plusieurs années à combiner les cours, la photo et un boulot.C’est là que tu paies ton manque de discipline aussi. Le fait de ne pas épouser la photographie à 100%, tu le payes.  C’était une période fondamentale malgré tout. Je faisais que de me comparer aux autres et ça m’a immobilisé. Le syndrome de l’imposteur qui monte en flèche. Il faut savoir l’accepter, le contourner. 2022 même si c’est une période sans production, c’est une période de croissance. Une période de maturation. Je suis parti à New York en septembre et j’ai repris la marche en avant pour tester des appareils, des types de photos. ça m’a relancé sans que je m’y attende. 

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A partir de quand as-tu été  motivé pour ce projet Football is a lifestyle ?

Juste avant de partir à New-York, j’avais fait un petit shoot avec une amie. Comme ça, pour reprendre les bonnes habitudes. Et ma pote avec qui je shootais m’a demandé pourquoi je ne faisais pas une série avec ce type de photos ? J’ai pris les billets pour NY avec ça dans ma tête et à l’hiver 2022-2023, j’ai commencé à préparer le projet. 

Plutôt team numérique ou argentique ?

Quand je préparais le projet, j’étais certain de ne faire que de l’argentique. Je ne prends pas de plaisir avec le numérique. C’est bête de dire ça peut-être. J’enfonce une porte ouverte mais c’est pas la même démarche.  Pour ce projet en plus, l’argentique s’y prête parfaitement. Je voulais mélanger rétro et moderne. Ça aide pas mal avec les modèles aussi parce que ça permet de créer une connexion. “Comment ça fonctionne? C’est à l’ancienne ?”. Une fois que tu as cette connexion avec ton modèle, on peut dire que le shooting part bien. 

"Le foot féminin m'a ouvert les yeux sur le potentiel de la photo de sport"

Et concernant les modèles, comment les as-tu contactés ? Comment s’est fait la rencontre et l’accueil de ton projet ?

J’ai shooté en premier avec des potes en 2019 et je les ai rappelés pour ce projet. J’hésitais à contacter des agences de mannequinat ou à contacter des modèles sur Instagram et je n’osais pas.  J’ai demandé à Laura avec qui j’avais fait le 1er shoot avant New-York. Suite à ça, elle a posté les photos sur son insta. Tout mon TD les a vues et ils ont kiffé. C’est comme si la confiance s’était diffusée dans ce cercle à partir de ce moment-là. Petit à petit, on a pu créer un petit groupe de personnes chaudes pour le shooting. Et tout s’est enchaîné derrière.  Et d’ailleurs, pour ce tout premier shooting tout ne partait pas forcément bien. J’étais avec Laura et je lui lâche “il est stylé ton mp3”. Moi je me suis dit qu’elle avait mis un accessoire pour le shooting et je trouvais ça cool. Alors que c’était son appareil pour réguler sa glycémie…

Dans cette série que tu présentes, tu sembles avoir beaucoup recours au grand ange, voir au Fisheye. C’est quoi ton kiff avec ça ?

Ça me permet de briser les portraits ordinaires. Casser le 50mm classique. La première fois que je suis tombé sur un fisheye, je suis tombé amoureux. C’était un match de D1 Arkema à Fleury. Et depuis je suis amoureux du très grand angle. C’est spécial. Soit tu places au pif et c’est la roulette. Tu peux tomber sur des contenus dingues et c’est le hasard. Mais tu peux aussi faire un travail pointu de placement. J’aime me donner à fond sur cet aspect-là avec cette focale.

"Le foot féminin m'a ouvert les yeux sur le potentiel de la photo de sport"

Il me semble que tu as rencontré quelques galères de shooting. On va sélectionner une anecdote parmi de nombreuses autres que tu racontes dans le livre : si je te dis “les vieux du musée”…

On était au musée Jacquemart-André pour un shooting avec Camille. On y va tôt le matin pour voir personne. Et là, raté. Pas mal de personnes âgées déjà sur place. Déjà que nous deux on est timides… on a fait en sorte de shooter à un endroit spécifique mais il était blindé. On nous regardait mal. L’ambiance était pas folle. Camille devait se changer, on allait se mettre au fond du musée pour ça. En y repensant, c’était marrant , les photos ont bien rendu. 

Allez, une autre pour finir, parle-nous de “l’objectif perdu”…

Sur un shoot avec Laura, il y avait une piscine de boules en plastique. On avait shooté dedans. 5 minutes après être partis, je me rends compte que j’ai fait tombé un objectif. Grosse panique. On a raccourci le shooting. C’était mon objectif 35mm 1.4 sigma art. c’est mon pref’ et là il était perdu. J’ai laissé mon numéro . Laura, elle, répétait, “si t’es croyant prie, prie”. Et 3 jours après on m’a rappelé pour me dire qu’ils l’avaient. D’ailleurs, ça c’était déjà le 2eme shooting parce que pour le 1er, j’avais voulu tout développer moi même et mes chimies étaient mortes. Je crois que c’est vraiment avec Laura que j’ai eu le plus de galères !

Le livre « Football is a lifestyle » (108 pages) sort ce 15 janvier. Vous pouvez le précommander en cliquant ici.

 

"Le foot féminin m'a ouvert les yeux sur le potentiel de la photo de sport"
"Le foot féminin m'a ouvert les yeux sur le potentiel de la photo de sport"

 

Par Léo d'Analog Sport / Photos issues du livre

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