Matthias, alias Mats Drawing, a 26 ans et un talent particulier : celui de customiser des maillots de foot avec des dessins et des portraits de footballeurs.

Pierre Maturana / Photos : Mats Drawing

Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours et ta formation en quelques mots ?

Je dessine depuis que je suis en capacité de tenir un crayon. Je suis autodidacte, je n’ai jamais pris de cours. J’ai commencé par dessiner beaucoup de personnages de mangas/bande dessinées, surtout du Dragon Ball et du Yu-Gi-Oh, jusqu’à mes 12-13 ans, puis je me suis laissé tenter par le portrait réaliste. Depuis, je ne fais quasiment que ça même si ça m’arrive encore de dessiner un peu de mangas. En terme de parcours scolaire, j’ai fait des études dans le commerce et marketing numérique. Donc rien à voir avec le dessin ou l’art !

Ta spécialité, ce sont les maillots personnalisés. Comment as-tu eu l’idée ?

Aux alentours de 2018, j’ai découvert des artistes qui réalisaient des vestes en jean personnalisées. J’ai moi aussi tenté de faire ça et en l’espace de 2 ans, environ, j’ai du customiser une bonne centaine de vestes. C’est durant cette période que j’ai réalisé que je n’avais pas à me limiter à ce seul support et que je pouvais peindre sur presque n’importe quel type de vêtements. C’est comme ça que m’est venue l’idée de dessiner sur des maillots de foot, qui est mon autre passion avec le dessin.

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Le but est de retranscrire au mieux les émotions de la scène. Ça passe par l’expression du joueur, le choix du maillot, et de la couleur et du style du background qui doit mettre en valeur à la fois le maillot et le joueur. Le maillot doit être à la fois un bel objet de décoration et véhiculer des émotions à travers la scène que j’ai essayé de retranscrire.

Comment tu décides du sujet que tu vas traiter comme du maillot que tu vas utiliser ?

Concernant mon choix du sujet à traiter, il dépend surtout de l’actualité du moment et des matchs/joueurs qui m’ont marqué dans le passé. C’est pour cela qu’en tant que fan de Chelsea, mon premier maillot était une peinture de Didier Drogba sur le maillot de 2012, le maillot de la première victoire en Ligue des Champions du club.

Tu peux nous donner les grandes étapes du processus de création d’un maillot custom ?

Etape 1 : choix des images.

Etape 2 : montage photo pour avoir une idée du design.

Etape 3 : croquis réalisé sur une feuille à part.

Etape 4 : application de 2-3 couches de peinture sur le maillot.

Etape 5 : report du croquis sur la peinture sèche.

Etape 6 : peinture du joueur (détails, ombres, lumières etc…).

Tu travailles à l’acrylique et au Posca. C’est un choix pratique ou un parti pris ? Est-ce que par exemple en cas d’erreur ou de petit raté ça te permet de rattraper plus facilement le coup ?

Concernant la peinture acrylique, c’est un parti pris : c’est impossible de réaliser ça avec de l’aquarelle et la peinture à l’huile met trop de temps à sécher. En revanche, les Posca, c’est un choix pratique, je suis plus à l’aise avec des feutres en main qu’avec un pinceau, surtout pour les petits détails.

Mon premier maillot était une peinture de Didier Drogba sur le maillot de Chelsea de 2012

Mats Drawing

Tu n’as jamais eu peur de « gâcher » un maillot ?

Justement, le fait de faire ça à la peinture me permet de corriger n’importe quelle erreur. Je peux recommencer quasiment à l’infini. Le seul vrai risque est de mettre par inadvertance de la peinture sur un endroit qui n’était pas prévu à la base, ce qui peut totalement gâcher l’œuvre…

Concrètement, si on prend le maillot Manchester city par exemple, tu as mis combien de temps à le faire du début à la fin ?

Celui de Manchester City était particulièrement long à faire car il y avait une dizaine de joueurs à représenter en plus du trophée de C1. Je crois que ça m’a pris environ 70-80 heures pour le finir ! Mais, en moyenne, un maillot plus « classique » me demande environ 20-30 heures de travail.

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Contrairement aux posters ou aux dessins que tu réalises et que tu proposes à la vente par exemple, tes maillots personnalisés se vendent à un certain prix qui n’est pas forcément accessible à tous les fans de foot. Quelle est ta clientèle ?

J’ai conscience que ces maillots ne sont pas accessibles au grand public, d’où la création d’affiches pour proposer des produits beaucoup plus abordables. Néanmoins, la plus grosse part de ma clientèle reste les particuliers fans de football. Je travaille également avec certains joueurs comme Koulibaly, Loic Rémy, Saint-Maximin, quelques marques comme Puma, New Balance, des clubs tels que l’AS Monaco, le Stade Rennais, l’Inter Milan, le TFC et même des entreprises comme EA Sports ou la LFP.

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Est-ce que les joueurs te contactent voire te commandent des œuvres ?

Certains joueurs m’ont déjà contacté pour me commander un maillot. Mon plus « gros » client a été Loic Rémy. Il m’a commandé une quinzaine de maillots, un maillot pour chaque club dans lequel il avait évolué. C’était un sacré challenge pour moi de faire ça !

Quel le maillot custom que tu rêves de faire ?

J’ai déjà réalisé mon rêve en réussissant à faire signer une de mes peintures par Frank Lampard qui est mon idole de toujours. Mais pour rester dans l’univers Chelsea, j’aimerais beaucoup réaliser un projet officiel avec le club.

En tant que fan de foot et artiste, quel est la recette d’un maillot de football réussi d’après toi ?

Pour moi, un beau maillot est un maillot qui rime avec simplicité et élégance. C’est pour ça que j’aime beaucoup les maillots de sélection qui n’ont aucun sponsor, ou que j’étais particulièrement fan du maillot domicile de Chelsea qui était vierge de tout sponsor. Cette saison, j’ai un coup de cœur aussi pour le maillot extérieur de Manchester United que je trouve très classe.

Tu te souviens du premier dessin de foot que t’as fait dans ta vie ?

Justement il s’agit d’un portrait, même si c’est un bien grand mot, de Frank Lampard que j’ai fait en 2010 si je me fie au maillot qu’il porte sur le dessin.

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Mats Drawing : "Le maillot de Manchester city m'a pris 80 heures"
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Pierre Maturana / Photos : Mats Drawing

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